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A7 vers Pulitzer
23 novembre 2011

Nucléaire

                  « Maintenant, nous sommes tous des fils de pute » déclarait élégamment Kenneth Bainbridge à la suite des premiers essais atomiques. Pourtant, la prolifération de ces vaporeux champignons ne manqua pas d’offrir à l’humanité d’immortels spectacles, dont quelques mortels militaires furent les témoins ravis. Beaucoup moururent depuis, joyeux d’avoir contemplé le triomphe de l’homme.

                  Les nucléophobes l’oublient trop vite : la bombe H permit d’achever Seconde Guerre mondiale, par des frappes ciblées sur des villes japonaises – qui fort heureusement, abritaient essentiellement que des japonais. Jamais plus nous n’aurons à vivre ces épouvantables récits de moribonds râlant sur le champ de batailles, que quelques sentinelles achèvent. Les populations ne peuvent ni fuir, ni survivre. C’est la guerre nette du XXe siècle. Mais quelles guerres ? Grâce à l’équilibre de la terreur, elles n’existent plus. Pour les pays nucléarisés. Elle est rejeté à la marge du monde – Moyen-Orient, Afrique -. Bref, elle n’existe plus.

                  Certes, quelques radiations demeurent, et les peureux pleurent. Certes, il apparaît dans les clichés pris suite aux événements de Nagasaki et d’Hiroshima que tout fut rasé sans distinction. A-t-on donc oublié, nous, fils de Chateaubriand, la poésie des ruines ? Ces villes japonaises se dressaient orgueilleusement vers le ciel, la foule s’y pressait – horreur de la multitude accablante !- et la bombe permit de faire table rase. Finies les files d’attentes à la superette du jeudi soir, finis les embouteillages, et les métros bondés. Rien que le charme brutal de ces plaines solitaires.

                  Cette brève introduction au nucléaire militaire n’implique rien. Aujourd’hui le débat n’est pas celui-ci. On ne cause que du nucléaire civil qui, faisant des morts dans ses propres frontières, n’est pas supportable. Heureusement, tant que rien n’arrive rien ne peut arriver, et les divers accidents – Furenhein en tête – prouvent que tout est sous contrôle, même l’incontrôlable. Ici une brèche déverse un glouglou radioactif dans le sol, ici une accumulation de feuilles mortes empêche le refroidisseur de fonctionner quelques heures. Rien d’inquiétant, puisque rien ne s’est passé.

                  Malheureusement, toutes les nations n’ont pas notre savoir-faire, et les japonais, décidément malchanceux quant au nucléaire, vous le diront. L’accident de Fuku, pour les intimes, eut de nombreuses conséquences délétères. Aujourd’hui encore, les retombées économiques ébranlent des secteurs entiers, et les retombées sont planétaires. Les services de restauration japonaise constatent, en effet, une légère baisse de leur activité, qui à l’approche des périodes de fêtes, est de mauvais augure.

                  Hormis ces quelques faux-pas, là Tchernobyl, là Fukushima, dans le nucléaire, comme dans le jambon, tout est bon. Il permet d’adoucir l’inexorable hausse de nos factures électriques. Je préfère personnellement, comme beaucoup de concitoyens, léguer à mes enfants quelques déchets radioactifs dont ils sauront quoi faire, que de payer ma douche matinale le prix d’un bain. Faudrait-il que je sacrifie à la clarté de ma salle de bain ma franche ampoule électrique, contre une ampoule basse consommation, dont l’emballage me glace et dont le prix me heurte ? De surcroit, leur lumière est chaude. Impossible de se maquiller correctement. Mais vous ne pouvez pas comprendre, vous n’êtes pas métrosexuels.

                  La France doit se rendre nécessaire. Maintenir sa visibilité est vitale. Or, nous ne sommes plus industrialisés, à tel point que je fête chaque délocalisation. Elle signifiait que nous avions encore une usine sur le sol français. Nous pouvons nous rendre utile par les risques que nous prenons. Accepter le nucléaire, c’est pouvoir vendre de l’énergie à l’Allemagne, qui passe au charbon. C’est garantir notre souveraineté nucléaire, et ma facture d’EDF. N’oublions pas que les centrales trouvent demeures en zones rurales qu’Areva arrose grassement (plus de crèches, et moins d’ornières sur les routes). En cas d’accident, ces zones sont rayées de la carte, avec leurs populations, essentiellement âgées. Or, les vieux votent à droite. Un accident nucléaire en France permettrait ainsi d’affaiblir ce courant politique, ennemi juré de tout bonheur terrestre.

                  Mon choix est fait, comme celui des Verts depuis leur accord avec le PS. Le nucléaire n’est pas une option. Il est central à la France – pour ne pas dire nucléaire. A chaque époque son fardeau. Nous avons hérité du tribunal de la Haye, nos enfants hériteront des déchets radioactifs. Leur avenir sera radieux. 

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